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Lautre socialisme Entre utilitarisme et totalitarisme Il y a vingt-cinq ans, le libéralisme économique semblait mort et enterré. Aujourd'hui, ressuscité de ses cendres, il triomphe mondialement, et aucune idéologie ne semble plus en mesure de le contrer. Le marxisme a du mal à se remettre de sa liaison coupable avec le totalitarisme communiste et de lautodestruction des « socialismes réels ». Du coup, la référence au socialisme apparaît désuète. Comme si, privées du repoussoir communiste, les idéologies social-démocrates ces socialismes atténués et euphémisés , si nécessaires quelles aient été pour civiliser le capitalisme daprès-guerre, apparaissaient subitement fades et sans saveur. Si lessentiel est uniquement laccroissement du niveau de vie, ne vaut-il pas mieux laisser faire le marché ? |
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Éthique et économie Limpossible (re)mariage Pour la science économique dominante, laffaire est entendue : cest le libre jeu des intérêts et du calcul égoïste propres à lhomo conomicus qui gouverne léconomie ; et lexhortation à laltruisme, au don pur et désintéressé, ne relève que de la morale. À nous de nous débrouiller avec cette injonction contradictoire, qui fait croître le cynisme à proportion de langélisme. |
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Villes bonnes à vivre, villes invivables Quest-ce qui fait que certaines villes semblent invivables tandis que dautres dégagent un charme inépuisable ? Que tel ensemble architectural nous parle quand tel autre nous fait horreur ? On sait à quel point ces questions sont aujourdhui difficiles à trancher. Car, nous détestons nos villes massifiées et fonctionnelles qui nous font regretter lharmonie des villes anciennes ; et, en même temps, nous ne pouvons envisager de faire retour à celle-ci. Pourquoi faire de lancien avec du neuf, en effet ? Mais aussi : comment donc construire nos villes, désormais ? |
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Le retour de lethnocentrisme En 1989, la chute du Mur de Berlin semblait annoncer la fin du mensonge et des illusions totalitaires. Pendant quelques années, le monde occidental se prit à rêver de la paix perpétuelle qu'amènerait l'extension rapide à toute la planète de l'économie de marché, des droits de l'homme, des technosciences et de la démocratie. D'un universalisme enfin accepté. Aujourd'hui, le cauchemar a succédé au rêve : partout dans le monde, on se massacre allégrement et des États se défont au nom de la pureté de la race ou de la religion. |
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Plus réel que le réel, le symbolisme Pour le sens commun, est symbolique ce qui se substitue à la réalité, et qui se révèle être moins quelle. Mais pour les sciences sociales, le symbole est plus réel que la réalité même : depuis un siècle, la nature symbolique de la réalité sociale est largement reconnue. Central aussi bien dans la psychanalyse lacanienne que dans lanthropologie structurale de Claude Lévi-Strauss, ce thème inspire nombre de débats actuels sur la « perte des repères symboliques » que représenteraient la procréation médicalement assistée, le clonage des êtres humains, la « réalité virtuelle » ou le mariage des homosexuels. |
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Une seule solution, lassociation ? Le sous-titre de cet ouvrage aurait pu être : « Pour contribuer aux cérémonies du cent-cinquantième anniversaire de la révolution de 1848 et du trentième de Mai 1968 ». Ce que ces deux événements ont en commun, cest laffirmation dune spontanéité qui se dresse contre les pouvoirs établis pour ne reconnaître comme légitimes que les institutions issues de la libre association des hommes (et des femmes). « Une seule solution, la révolution », disait-on en 1968 ! Oui mais, répondait en somme à lavance, en 1848, Pierre Leroux, linventeur du mot socialisme et le prophète lucide de tous les drames quallait engendrer une collusion trop étroite du socialisme et de létatisme, oui, mais à condition que ce soit la révolution de lassociation. AVEC LES CONTRIBUTIONS DE : S. Anheier É. Archambault, D. Bayon, A. Caillé, P Chanial, B. Enjolras, A. Evers, L Favreau, É. Gagnon, J. Godbout, P. Hirst, S. Juan, J.-L. Laville, P Lyet, M. Parodi, S. Pasquier L. Salamon, J.-M. Servet, M. Simonet, R. Sue, Y. Vaillancourt, B. Viard, G. Vincent, P. Watier, R. Zoll. |
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Guerre et paix entre les sciences « Ceux qui se bornent à une seule recherche manquent souvent de faire des découvertes quun esprit plus étendu, qui peut joindre dautres sciences à celle dont il sagit, découvre sans peine. Mais comme un seul ne saurait bien travailler à tout, cest lintelligence mutuelle qui peut y suppléer », écrivait Leibniz. En quelques mots, tout nest-il pas ainsi formulé des paradoxes inhérents à la division du travail intellectuel ? Il existe, de toute évidence, une forme de stupidité profonde, un aveuglement systématique, propres aux spécialistes de chaque science particulière, liés entre eux par une commune discipline. Et cette cécité organisée, bizarrement, devient souvent dautant plus forte quune science est plus avancée et son identité disciplinaire plus fortement revendiquée dans la guerre de toutes les sciences les unes contre les autres. Cest donc toujours à leur marge, on le sait bien, que sinitient les découvertes les plus fécondes. AVEC LES CONTRIBUTIONS DE : Denys de Béchillon, Gerald Berthoud, Philippe Chanial, Jean-François Filion, Anne-Marie Fixot, René Girard, Jean-Louis Le Moigne, Jean Lurçat, Jérôme Maucourant, Edgar Morin, Douglass North, Philippe Steiner, Camille Tarot, Dominique Temple, Bruno Viard. |
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Comment peut-on être anticapitaliste ? Comment peut-on être anticapitaliste ? La question doit être entendue en un double sens. Et dabord en écho au célèbre Comment peut-on être persan ? de Montesquieu : depuis leffondrement du « socialisme réel », le triomphe planétaire de léconomie capitaliste est devenu si absolu que ceux qui trouvent à y redire font figure de fossiles dune époque révolue, au moins aussi étranges et déplacés quun Persan pour un Européen du XVIe siècle. Et, pourtant, il nest guère douteux quil faille sopposer activement à un capitalisme de plus en plus déchaîné, qui, laissé à lui-même, détruit progressivement les équilibres politiques, les cultures, et engendre des inégalités et des haines explosives entre les hommes. AVEC DES CONTRIBUTIONS DE : Jean Baechler Gerald Berthoud, Robert Boyer, Alain Caillé, Michel Callon, Pascal Combemale, Henri Denis, Ivaylo Ditchev, Denis Duclos, Jean-Pierre Durand, Bernard Eme, François Fourquet, Jacques T Godbout, Serge Latouche, Bruno Latour, Jean-Louis Laville, Pierre Leroux, Pierre Lévy, Jean-Claude Michéa, Arthur Mitzman, Frederik Mispelblom, François Morin, Bruno Viard, Immanuel Wallerstein. |
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